[Cours intuitif #1] Déclinaisons faible, mixte et forte de l’adjectif en allemand


Dans le format des cours intuitifs, je transmets des méthodes que j’ai conçues ou améliorées moi-même pour m’aider à comprendre certains concepts dans les langues que j’apprends. Ce sont mes mots, mais qui sait, peut-être vous conviendront-ils aussi.

Pour ce premier opus, je me suis intéressé à la déclinaison faible, la déclinaison mixte et la déclinaison forte des adjectifs allemands.

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Le but

Le but de ce petit cours est de comprendre rapidement le fonctionnement de cet effrayant tableau et d’en permettre l’application spontanée.


Le principe de base

Mon astuce pour comprendre le fonctionnement de ce morceau de grammaire est la suivante : la déclinaison allemande permet de toujours préciser le genre du nom sur l’adjectif, mais sans aucune redondance. Je le prouve en l’appliquant.


La déclinaison forte (nominatif)

La déclinaison forte est la dernière colonne du tableau ; c’est la plus encombrée, précisément parce que c’est la plus logique et la plus régulière. Commençons par le nominatif.

La déclinaison forte est utilisée en l’absence d’article, quand il y a seulement un nom et un adjectif ; dans ce cas-là, l’adjectif est le seul endroit où l’on peut préciser le genre du nom, et c’est pour cela qu’il est toujours précisé.

Prenons l’adjectif « gut », « bon ».

Appliquons le modèle suivant au nominatif :

  • -er au masculin (mnémotechnie : pensez au « -eur » français) ;
  • -e au féminin (mnémotechnie : pensez au « -e » français) ;
  • -es au neutre ;
  • -e au pluriel.

C’est ce qu’on appelle un paradigme, une série de terminaisons logiques. Retenez-le bien car c’est la fondation du reste du cours.

  • guter Apfel : bonne pomme ;
  • gute Erfahrung : bonne expérience ;
  • gutes Eisen : bon fer ;
  • gute Äpfel : bonnes pommes.

Rien de plus simple pour le moment : il y a seulement un adjectif et un nom ? Alors le genre est précisé régulièrement sur l’adjectif. Pas si forte que ça, la déclinaison forte.


La déclinaison mixte (nominatif)

La déclinaison mixte est utilisée avec un article indéfini, négatif ou possessif (ein, kein, mein…). C’est là que le principe de base va être appliqué une première fois : le genre doit toujours être précisé. Quelles formes de ces pronoms précisent le genre ?

La forme en -ein est ambiguë car elle s’applique au masculin comme au neutre : elle ne précise donc pas le genre clairement. C’est pourquoi l’adjectif se charge de préciser le genre avec une forme en -ein, de la même manière qu’avec la déclinaison forte.

  • ein guter Apfel : une bonne pomme ;
  • eine gute Erfahrung : une bonne expérience ;
  • ein gutes Eisen : un bon fer.

C’est là qu’il faut introduire une nouvelle terminaison : -en, qui est en quelque sorte une « terminaison poubelle », utilisée dans les cas où le pluriel est déjà marqué (sur le pronom, donc). Cela revient à ne pas marquer les choses deux fois, sauf qu’il s’agit ici du nombre et non du genre.

  • keine netten Menschen : pas d’hommes sympathiques.

La déclinaison faible (nominatif)

La déclinaison faible est utilisée avec un article défini. Or, les pronoms définis ont cet avantage de toujours préciser le genre : der, die, das. On applique le principe de base : il faut préciser le genre, mais une seule fois. Il n’y a donc pas besoin de l’ajouter sur l’adjectif, qui prend toujours la terminaison -e (sauf au pluriel puisque l’article est die et que c’est ambigu avec le féminin).

  • der gute Apfel : la bonne pomme ;
  • die gute Erfahrung : la bonne expérience ;
  • das gute Eisen : le bon fer ;
  • die guten Äpfel : les bonnes pommes.

Au datif et au génitif

Comme si les règles d’accord n’étaient pas déjà ennuyeuses, il faut que les déclinaisons aient leur mot à dire. Heureusement, le datif et le génitif sont faciles à manipuler.

Dans tous les cas, la marque du cas avec la déclinaison forte ne peut apparaître que sur l’adjectif. C’est pourquoi il est précisé selon les mêmes règles que la déclinaison des articles. Le principe est simple, mais j’admets que c’est la partie du tableau la plus difficile à prendre en main car il n’y a pas vraiment de motif visible.

Attention, l’ordre et le code couleur de ce tableau ne sont pas les miens !
  • […] guten Apfels : […] de bonne pomme * ;
  • […] guter Erfahrung : […] de bonne expérience * ;
  • […] guten Eisens : […] de bon fer * ;
  • […] guter Äpfel : […] de bonnes pommes * ;

Mnémotechnie : le féminin est souvent lié au pluriel. C’est le cas avec die et ici aussi. Le masculin et le neutre sont liés.

  • […] gutem Apfel : […] à bonne pomme * ;
  • […] guter Erfahrung : […] à bonne expérience * ;
  • […] gutem Eisen : […] à bon fer * ;
  • […] guten Äpfeln : […] à bonnes pommes *.

Mnémotechnie : ici, le masculin et le neutre sont liés, mais le pluriel se démarque du féminin.

* Évidemment, ces traductions littérales ne sont pas grammaticalement correctes en français. En pratique, la déclinaison forte du datif et du génitif n’est utilisée qu’au pluriel, par exemple : « die Häuser mancher reichen Männer » (« les maisons de plusieurs hommes riches »).

Heureusement, l’effort déployé jusqu’ici sera récompensé par la déclinaison faible et la déclinaison mixte. Vous vous rappelez de la « terminaison poubelle » -en ? Elle sera utilisée dans tous ces cas car l’article (défini ou indéfini) donne déjà l’information sur la déclinaison, et donc indirectement sur le genre. En fait, puisque l’article est décliné régulièrement, l’adjectif n’a plus de rôle d’accord à jouer et porte automatiquement une terminaison générique, cette terminaison « poubelle ».

  • […] des/eines guten Apfels : […] de la/d’une bonne pomme (mnémotechnie : le -s est aussi la marque de la possession en anglais);
  • […] der/einer guten Erfahrung : […] de la/d’une bonne expérience ;
  • […] des/eines guten Eisens : […] du/d’un bon fer ;
  • […] der guten Äpfel : […] des bonnes pommes * ;
  • […] dem/einem guten Apfel : […] à la/à une bonne pomme ;
  • […] der/einer guten Erfahrung : […] à la/à une bonne expérience ;
  • […] dem/einem guten Eisen : […] au/à un bon fer ;
  • […] den guten Äpfeln : […] aux bonnes pommes *.

* Les cas pluriels ne s’appliquent qu’avec un article défini puisque les articles indéfinis pluriels, comme en anglais, n’existent pas en allemand. « De bonnes pommes » (« good apples ») → gute Äpfel. Ce cas fait donc nécessairement appel à la déclinaison forte.


À l’accusatif

L’accusatif peut paraître un énième obstacle, mais il suffit de se rappeler que l’accusatif allemand ne s’applique qu’au masculin. Très logiquement, il ne diffère donc du nominatif qu’aux cas du masculin singulier, et sa marque est régulière.

  • Ich liebe den/einen guten Apfel : j’aime la/une bonne pomme.

Voir aussi

Pas de sources ? C’est que l’article vient de mes connaissances personnelles et que je fais directement corriger mes infos par des natifs ou des personnes plus compétentes que moi. En l’occurrence, ephixore et Avlönskt sur Discord. Merci à eux  !


J’espère que ma méthode vous aura aidé. Si vous n’avez pas compris une partie du cours, n’hésitez pas à m’engueuler en commentaire et je boucherai les trous !

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Véronique

Bonjour,
Merci pour ce blog que je découvre. J’ai fait allemand LV1 de la sixième à la terminale. Et aucun prof n’expliquait ce que voulait dire “ déclinaison faible ou forte “, il m’a fallu des années pour comprendre que c’était l’adjectif qui portait ce type de déclinaison, selon ceci-cela quee vous expliquez. Si j’ai bien compris.
Cependant, sur wiki, on parle de SUBSTANTIFS forts ou faibles, exemple: der Vater serait un substantif fort et der Prinz, un substantif à déclinaison faible et der Name, un substantif à déclinaison mixte !
J’y perds mon latin !
Je me suis retrouvée sur Wikipédia en tentant de chercher l’origine du génitif saxon, le fameux “ s“ ou l’apostrophe, bref, ce n’est pas le sujet.
Et c’est dans cet article, puisque j’ai tout lu, que l’on parle de substantif à déclinaison forte ou faible…
Pourriez-vous, je vous prie, m’éclairer ?
Je vous remercie.
Bien cordialement.

Andréa

J’apprends l’allemand seule depuis 3 ans (merci internet) et j’ai enfin trouvé le courage de m’atteler à la compréhension des déclinaisons de l’adjectif! après avoir écouté des podcasts, utilisé des applis et lu beaucoup de sites, je ne trouvais aucune ressource qui me parlait…
Retenir les tableaux longs comme le bras me semblait vraiment compliqué, mais comprendre la logique derrière l’évolution des terminaisons m’a permis d’enfin les assimiler. Je trouve que c’est le moment le plus satisfaisant de l’apprentissage d’une langue étrangère, d’enfin capter quelque chose qui nous échappait! Un grand merci pour votre explication c:

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