Cinébdo – 2018, N°21 (Paprika, Les Animaux fantastiques, Oblivion)


Ce format consiste en une compilation de mes critiques sur les films que j’ai vus dans la semaine.

Dans l’hebdo de cette semaine : Paprika (Satoshi Kon, 2006), Les Animaux fantastiques (David Yates, 2016), Oblivion (Joseph Kosinski, 2013).

Trois films, mais aussi deux séries avec leurs critiques détaillées. Moyenne critique : 4,3/10 ; moyenne appréciative : 6/10.


(J’écris par passion de l’écriture et de mes sujets, mais c’est encore mieux d’avoir l’impression de ne pas être seul. Si vous aimez cet article, cliquez sur le bouton « j’aime », laissez un commentaire, voire partagez si vous en avez envie. Sinon, vous pouvez juste lire, c’est bien aussi. Merci beaucoup !)


Image d’en-tête : Les Animaux fantastiques ; films 118 à 132 de 2018

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Lundi : Paprika

(Satoshi Kon, 2006)

(Voyez aussi le versus de mon ami Linedwell →ici←).

Je regarde peu d’animes. Alors pourquoi celui-ci ? En fait, on m’avait dit qu’Inception (Christopher Nolan, 2010) s’en était beaucoup inspiré. Et c’est vrai. Et j’adore Inception. Dans les deux films, on trouve de la technologie, et surtout du rêve. En revanche, pas question d’aborder Paprika avec le même état d’esprit que son descendantOn est plongé tout de suite à la lisière entre rêve et réalité – bien gérée, c’est le symptôme d’un bon film de thème onirique – par un montage énergique ; un peu trop même, car les scènes lentes, sans ambiance sonore mais surbruités, ont tendance à faire de la frontière du rêve un prétexte à la confusion du spectateur plutôt qu’à son émerveillement. Par contre la musique est très bonne.

L’impression que laisse le film ne casse pas des briques même si les personnages ne se gênent pas pour défoncer bien plus gros. Et ce avec une grande créativité graphique et sonore, pour peu que la régie prenne la peine de s’y adonner, or l’effort n’est pas continu. Heureusement, la confusion perd du terrain dans la partie finale de l’histoire qui devient par la même maîtresse de bons parallèles.

« L’internet est similaire aux rêves, car la pensée rationnelle s’arrête là où commencent les signaux électriques », ou bien « le contrôle technologique du rêve est un cauchemar scientifique », voire même une phrase très mignonne et très cliché comme « c’est vraiment la femme de mes rêves » sont des accroches efficaces et qui font plaisir. Alors, au global, oui : c’est un bon anime.


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Mardi : Les Animaux fantastiques

(David Yates, 2016)

Les acteurs qui ont joué dans la saga Harry Potter ont du mal à se désengluer de l’aura de leurs premiers rôles. On n’en trouve aucun dans ce spin-off, mais c’est le réalisateur David Yates, sorti de la réalisation télévisuelle pour prendre HP en main à partir de L’Ordre du Phénix, qui va s’engluer dans la quintilogie que ce film augure.

Cinq films prévus, alors ? Bon courage, parce que ça commence mal. On est situé d’emblée dans un New York en pleine chasse aux sorcières. Et je ne parle pas de maccarthysme.

Évidemment, il est impossible d’aborder le film sans avoir l’esprit HP en tête. Et il est ambitieux, parce qu’il se donne le bagage de ses antécédents en prenant le pari de renouveller le genre. Pari perdu, l’ambiance britannico-brumo-mystérieuse ne sera pas retranscrite, les moyens sont trop neufs pour une histoire trop vieille. La luminosité de New York abrite un côté cartoonesque qui ne colle pas avec le ton éminemment britannique que J.K. Rowling vient instiller en s’attelant au script ; il y a conflit d’écriture.

L’appât est un mastodonte : qui ne rêve pas de voir le cinéma partir dans le délire d’un bestiaire inventif ? Mais ce fil rouge prometteur est souillé de plusieurs côtés. D’une, les effets spéciaux, irréprochables à la base, sont terriblement mal intégrés – on a du chemin à faire pour ça. De deux, on fige certaines scènes pour permettre au spectateur de se rincer l’œil devant la dernière trouvaille des artistes graphiques, comme si les animaux n’étaient pas respectables au-delà du rôle qu’ils jouent dans leur propre freakshow. Cela renforce l’étroitesse du scénario, trop rempli de micro-histoires (même si elles se déroulent toutes avec lisseté), et crée une ironie dérangeante, puisqu’une des grandes trames sous-jacentes de l’histoire est écologique : faut pas faire du mal aux animaux, blablabla. Non que ce soit un tort, mais c’est cliché et ennuyeux.

Outre des onces de prévisibilité (l’échange des valises, dont on voit tout de suite qu’elles se ressemblent) et la difformité des mots par rapport aux actes (les créatures se veulent mignonnes mais sont presque aussi ridicules que le personnage de Dan Fogler), l’œuvre radote la non-dangerosité des bêtes comme parangon d’un film engagé mais ça sonne juste faux.

N’exagérons rien : l’ambiance, quoique tiraillée entre l’américanisation de l’univers d’Harry et le charmant conservatisme de l’auteure, ne souffre guère. Et puis des trucs fonctionnent ; des éléments de l’histoire finissent par prendre et s’enflammer, parfois jusqu’à s’exalter. Par exemple, le dîner magique, dont les décors sont attrayants et l’action raffinée, est sûrement la grande réussite dans l’affaire. On notera aussi qu’Eddie Redmayne, malgré les contraintes étouffantes de son personnage et son élocution paresseuse, a donné du sien, et Katherine Waterston aussi à sa manière (je parle ici des deux personnages principaux).

Espérons quand même qu’on a raison d’attendre mieux des quatre suites prévues. Peut-être que Yates deviendra plus raisonnable sur l’utilisation du téléport.


Mercredi + jeudi + vendredi : la saga Harry Potter

Voyez la critique détaillée ici.


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Samedi : Oblivion 

(Joseph Kosinski, 2013)

La carrière du réalisateur Joseph Kosinski est toute jeune. Il a commencé avec Tron: L’Héritage en 2010 et Oblivion est son deuxième film. Il réunit Tom Cruise et Morgan Freeman, à se demander comment et pourquoi parce que le bagage est pauvre et la médiocrité de mise.

Oblivion est un film d’action post-apocalyptique qui se précipite dans l’action et dans tous les clichés possibles. Il ne laisse aucune place au mystère – quand il essaye, c’est pour le dénouer tout de suite – en gâchant la surprise avec des trucs qui se voulaient peut-être des indices mais se révèlent des spoilers intégrés pour le cinéphile attentif.

[Spoilers] Les personnages principaux sont un couple à qui est assigné une mission sur une Terre dévastée. Ils ont pour contact une certaine Sally, voix et visage avenants venus du « Tet », une base en orbite basse. Et l’indélicatesse avec laquelle les éléments de l’intrigue sont posés est tellement épaisse que j’ai compris l’histoire au premier mot de ladite Sally. Pas dans les détails, bien sûr, mais j’ai tout de suite été convaincu que c’était un robot et qu’une conspiration se tapissait là.

[Spoilers] Le scénario va évoluer sans surprises vers un dénouement ennuyeux et ultra-convenu, vers lequel se dirigent un Tom Cruise détaché et des interprètes féminines aussi vibrantes que des balais cassés. De son côté, le Tet va envoyer quelques drones au design sympa mais complètement surbruités qui vont pousser les personnages à se déplacer sur une surface restreinte où, comme par hasard, il y a tout ce qu’il faut. Le personnage de Cruise va, bien entendu, trouver l’objet qui va tout changer (un bouquin dans lequel il lit une phrase qui va modifier le cours de l’Histoire – cherchez pas, c’est vraiment aussi balourd que ça), et qui va se trouver être le moteur à son indiscipline. Voilà au moins de quoi se qualifier pour l’Oscar des motifs les plus vaseux.

[Spoilers] Rétrospectivement, on a l’impression que le contexte fourni – résumé par quelques phrases en voix off en guise d’intro – a été tenu au minimum comme pour limiter le niveau de dégueulasserie de l’histoire. On peut croire pendant quelques minutes que la fin va essayer de rattraper le coup, mais c’est juste un combat final qui rate totalement son happy end. Oblivion, chers lecteurs, est un film qui essaye de nous faire croire que la reformation d’un couple avec un clone du mec est une romance.


Dimanche : la saga Le Hobbit

Voyez la critique détaillée ici.



* Les barèmes montrent le ressenti et l’appréciation critique. Entre guillemets est indiquée la thématique.  Plus de détails ici.

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