Poème (18-3) : De tombes et d’outre-ciel


La bruine tombe ce jour comme des bouts de ciel, des étoiles fanées qui paresseuses étirent leurs fils en haut d’elles. Leur tintement sur le toit est musical, je somnole et il devient dans mes semi-rêves le rythme d’un batteur patient.

Dans les ruines, les tombes sont au jour sans sommeil ce que des toiles fardées de rosée vaniteuse figurent à mon réveil. Le fondement de celles-là est impartial, je dors et il devient dans mes rêves la cîme d’un combat sanglant.

Je m’éveille assourdi, la pluie n’est pas finie et les grosses gouttes attaquent peut-être maintenant le plafond, pour ce que j’en sais, l’eau n’est-elle pas d’un autre monde ? Je voudrais aller à la fenêtre, tirer le rideau pour voir celui fait d’eau, mais un autre encore voile mes yeux.

Lui s’élève sans bruit, il fuit en pas infinis dans les crosses qu’outre l’attaquant, le veulent tirer par le fond. Pour ce qu’il en sait, l’autre n’est-il pas toujours immonde ? Il voudrait traverser cette forêt de têtes, qui font pleuvoir l’acier sur sa peau pour la voir saigner et le voir tomber en feu.

Maintenant je suis tout à fait réveillé, des cris m’empêcheraient de me retourner. J’ai la chance que mon état second soit celui du premier venu, le repos qu’abscons j’ai salvateur rendu. Mais la fuite n’est-elle pas toujours indigne, quand le temps passe si vite dans cette dimension insigne ?

Je voudrais m’excuser de ne pas avoir le courage, appartenir à des prouesses de plus grand panache, mais au moins la mer mérite mon apanage, celui de ma mère que j’ai érigé en tâche. Elle me disait mon fils, tu n’as pas besoin de sentir le vent pour le voir dans la canopée, de voir les courants pour les sentir dans l’océan, d’être écouté pour te savoir entendu.

Je pense que ces choses, je les ai toujours sues. Mais cette métamorphose, cette belle et bénéfique usure, m’en approché-je par la prose ? Dans une grande et belle mesure, ce dont j’ai besoin peut-il juste venir car je l’y invitai ?

Dans la bruine, les étoiles remontent au bout du ciel, ces étoiles, phares nés d’un poète tendancieux, tristement trié par de tentants cieux, sur le volet de ma fenêtre idéal, je dors maintenant agenouillé, vaincu par le battement de mes cils trop réels, et tout devient dans mes quarts de rêves la rime d’une outre de fiel.

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