[Cinémavis #4] Abyss (James Cameron, 1989)


Abyss : un brillant film noir. Presque un film dans l’espace, étant donné que les conditions spatiales sont les mêmes que sous la surface de l’océan.

Cette oeuvre est remplie de moments forts. La scène où Lindsey est quasiment ressuscitée peut pertinemment être qualifiée d’exagérée, et je reconnais moi-même qu’il est bizarre, pour ne pas dire frustrant, que Lindsey annonce un quart d’heure d’efforts pour la ranimer alors que l’équipe abandonne au bout de trois ou quatre minutes réelles. Mais sa longueur est tout sauf ennuyeuse. On a beau avoir vu le film plusieurs fois, on en oublie qu’on connaît le dénouement.

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Mais plus généralement, alors ? Dans le premier quart du film, on trouvera les répliques un peu mal placées, soit trop vives, soit trop fougueuses. Mais cela se règle bien vite.

Au fond de l’eau, les personnalités s’opposent et les ennuis s’accumulent, poussant tout le monde au bord du gouffre (aussi bien au sens figuré qu’au sens propre, d’ailleurs). Les soldats tiennent lieu du plus gros stéréotype du cinéma américain dans ce spécimen : deux d’entre eux survivent pour montrer que la Terre se repent, mais celui qui est le plus méchant, on s’en débarrasse. Comme ce dernier est atteint de la folie des profondeurs, on aurait d’ailleurs pu s’attendre à ce que sa méchanceté soit un peu plus élaborée. Un peu à l’instar de la fin, du reste. C’est trop simple : les aliens s’auto-proclament juges de notre planète et voilà que nous, puissant peuple humain, devons nous réduire en humilité devant leur menace ?

Ce sera le seul paragraphe fielleux que je rédigerai dans cette critique, car le reste a de quoi transporter. Le côté oppressant y est très bien reconstitué et on vibre pour l’équipe de choc que forment les foreurs sous-marins, pas du tout destinés à un travail plus palpitant et plus tentaculaire dans ses implications.

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En parlant d’implications, il a fallut que j’attende le…quatrième ou cinquième visionnage, je n’en suis plus tout à fait sûr, pour réaliser que les implications politiques de ce film sont plus grandes encore que les suppositions de science-fiction qu’il contient : elles sont monstrueuses. Un véritable remake cinématographique de la crise des missiles de Cuba, où un petit groupe de personnes est forcé à faire partie de l’Histoire, avec un grand H. Certaines ne tiennent d’ailleurs pas le coup.

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Ce qui est aussi intéressant dans les films d’une longueur certaine comme Abyss, c’est la récurrence des répercussions du comportement des personnages, et de voir leurs convictions les plus profondes s’effilocher lentement. Un film long présente également l’avantage de permettre de mettre plus de personnages dedans, et donc plus de densité et d’intérêt. Ne pas tomber dans le travers de personnages corrompus du point de vue de la critique est ainsi une prouesse, d’une certaine manière.

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Rares sont les films qui échappent aux règles immortelles et stéréotypiques du septième art du point de vue américain, et Abyss n’échappe pas à la règle. Néanmoins, accordons-lui la vertu de la puissance et de la bonne retranscription du sentiment oppressant que peut susciter un milieu sous-marin. Il utilise sa longueur avec avantage et si le méchant est un peu simple, on n’a pas le temps de se remettre de nos émotions que la fête recommence.

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